Blog d'information et de communication de l'Union Départementale des Syndicats CGT de la Santé et de l'Action Sociale du secteur Public et du Secteur Privé du département de la Manche (50)
La Cgt propose
Un effort considérable pour la recherche, pour contribuer au progrès des connaissances, répondre aux besoins de la société en expertise et contrôle, créer les conditions du développement.
Porter l’effort national de recherche à 3 % du Produit intérieur brut. C’est la responsabilité de l’État, qui doit assurer le développement des services publics de recherche, notamment pour contribuer au progrès des connaissances fondamentales indépendamment d’un pilotage par la demande économique immédiate. C’est la responsabilité des entreprises, qui doivent contribuer au développement de l’emploi scientifique, non seulement pour des recherches à caractère finalisé immédiat mais aussi à horizon de long terme.
Instaurer une obligation de financement de la recherche par les entreprises en instaurant un fond mutualisé financé par un pourcentage de la valeur ajoutée prenant en compte l’effort de recherche effectuée en interne.
Réaliser de grands programmes de recherche et développement, associant les entreprises, les services publics de la recherche, les Universités et les grandes écoles, tant dans les domaines des sciences physiques et technologiques que dans ceux des sciences humaines et sociales.
Intervenir pour que l’Union Européenne contribue à la réalisation de grands programmes et de grands équipements de recherche, favorisant l’esprit de coopération sur l’ensemble de son territoire.
Accroître la reconnaissance des qualifications dans les professions de la recherche, tant dans le public que dans le privé. La recherche doit être un moment de valorisation des carrières.
Assurer une gouvernance démocratique de la recherche, fondée sur une évaluation donnant toute sa place aux avis des conseils scientifiques, aux élus des personnels de la recherche ainsi qu’à la représentation de la société.
Les pôles de compétitivité, dont le pilotage donne une place prépondérante au patronat, doivent être transformés en de véritables « pôles de développement des connaissances, de l’économie et de l’emploi. »
S’opposer à la privatisation et à la marchandisation des connaissances fondamentales issues de la recherche. Notamment, la prise de brevets sur la matière vivante doit être proscrite en France, en Europe et dans le monde.
Ce qui existe aujourd’hui
Quelques dépenses en recherche et développement dans le monde (public + privé) :
Par habitant au prix courant dollars % du Pib
Japon 893 3,15 %
Etats Unis 978 2,60 %
Allemagne 692 2,55 %
Finlande 995 3,49 %
Suède 1 150 3,98 %
Royaume Uni 564 1,89 %
Union européenne (25 pays) 463 1,85 %
France 610 2,19 %
Source : rapport du Conseil économique et social « Croissance potentielle et développement » (séance des 23 et 24 janvier 2007).
La recherche est à un niveau insuffisant en France. L’effort national de recherche, stagne à 2,1 % du Produit intérieur brut, voire a tendance à diminuer, les moyens consacrés à la recherche ayant tendance à croître encore moins que l’ensemble de l’économie.
Les politiques de restriction budgétaires limitent le financement des organismes publics. Certes la grande mobilisation des personnels de la recherche de 2005 a conduit le gouvernement à dégager quelques moyens supplémentaires, mais leur attribution passe par des fonds dont le pilotage court-circuite les instances démocratiques d’évaluation de la recherche publique. Au bout du compte, les laboratoires des organismes publics manquent cruellement de moyens.
Les entreprises françaises, en dehors de quelques grands groupes, se caractérisent par un effort de recherche et développement faible par rapport à d’autres pays. L’emploi scientifique, dont la gestion est par nature de long terme, est considéré comme une charge rigide qui nuit à la flexibilité de la gestion. Il est dévalorisé au regard des professions productives et surtout financières.
Les atouts industriels dont s’est dotée la France résultent de grands programmes (Aérospatial, nucléaire civil, Tgv) qui se sont appuyés sur la coopération de services publics forts et de l’industrie. Aujourd’hui la notion de grands programmes est contestée au nom des théories libérales qui prônent le non interventionnisme de l’Etat. La privatisation des services publics (France-Télécom, Edf, Gdf) conduit à une réduction drastique des potentiels de recherche et développement qu’ils avaient constitués depuis la Libération, au nom de ce qu’ils n’ont plus vocation à assurer la recherche de la nation, mais seulement celle de l’entreprise dans un monde concurrentiel.
L’absence d’une politique de recherche ambitieuse et le renoncement à conduire une politique industrielle forment un tout qui entretient le déclin des capacités industrielles du pays et nuit à la mise en valeur de ses capacités intellectuelles.
La politique de recherche menée par l’Union européenne se fonde beaucoup plus sur l’essaimage d’aides aux entreprises que sur la définition et le financement de grands programmes qui associeraient l’ensemble des pays et de grands instruments nécessitant des investissements lourds.
Les carrières des personnels de la recherche, tant dans le public que dans le privé, sont dévalorisées, même si les luttes de ces dernières années ont conduit à une légère amélioration du statut des doctorants et post-doctorants. Les grandes écoles d’ingénieurs négligent par ailleurs trop souvent les formations par la recherche, alors qu’elles disposent de laboratoires de renom. Cette dévalorisation et ce désintérêt conduisent les jeunes ingénieurs à délaisser les métiers de la recherche, ce qui constitue un gaspillage des formations dans notre pays, dont la qualité est pourtant reconnue au plan mondial.
Les moyens pour y parvenir
· Intervenir dans les rapports entre la recherche et son environnement local. : il est nécessaire que les incitations en provenance des échelons politiques régionaux ou locaux résultent d’un débat démocratique associant les différentes composantes de la population, dans le respect de l’autonomie des laboratoires.
· Augmenter substantielle le financement de la recherche fondamentale publique et l’effort de recherche de l’industrie privée.
· Mettre en place de comités de suivi chargés de faire le bilan régulier des pôles de compétitivité et d’engager les actions nécessaires (contrôle des fonds, impact sur l’emploi, garanties collectives).
· Faire la transparence et faire participer des représentants des salariés à tous les niveaux de décision (instances de gouvernance, conseils scientifiques, commission d’évaluation).
· Revaloriser les salaires, les carrières et les statuts des personnels du secteur pour permettre de réorienter les jeunes vers des carrières scientifiques longues, et mettre un terme à la fuite des cerveaux.
· Mettre en place un droit d’intervention des salariés et de leurs organisations syndicales sur les décisions stratégiques de leur entreprise, en matière de recherche et développement (question décisive à moyen et long terme pour le devenir de l’entreprise).