Les maladies à caractère professionnel dans le secteur de la santé touchent 6%

Les maladies à caractère professionnel dans le secteur de la santé touchent 6%des salariés dans quatre régions

PARIS, 26 août 2008 (APM) - Une prévalence de maladies à caractère professionnel

(MCP) de 6% a été observée en 2006 chez les salariés du secteur de la santé et de l'action sociale en Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées et Provence- Alpes-Côte-d'Azur (PACA), selon les résultats d'un programme de surveillance publiés mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

Afin de mettre en place un programme de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP), l'Institut national de veille sanitaire (InVS) a mis en place en 2002 un réseau pilote de surveillance dans les Pays-de-la-Loire, consacré à l'épidémiologie des troubles musculo-squelettiques (TMS) en France, rappelle-t-on (cf dépêche APM VBHKT001).

Les MCP se définissent comme toute maladie susceptible d'être d'origine

professionnelle qui n'entre pas dans le cadre des tableaux de maladies

professionnelles indemnisables (MPI). Bien que leur déclaration soit une obligation, rares sont les médecins qui les déclarent, pointe l'InVS, et leurs signalements ne sont que partiellement exploités.

Le programme de surveillance, élargi à d'autres pathologies, était en 2007

opérationnel dans sept régions, en Pays-de-la-Loire, Midi-Pyrénées, PACA, Poitou- Charentes, Franche-Comté, Alsace, Aquitaine, Centre, Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Limousin, Auvergne, indique l'InVS.

Les résultats présentés concernent les quatre régions ayant participé au programme en 2006, dans lesquelles était prévu l'extension du réseau pilote de surveillance (cf dépêche APM LDIKE003).

Le dispositif s'appuie sur un réseau de médecins du travail volontaires signalant toutes les MCP rencontrées durant des périodes de deux semaines prédéfinies, baptisées "Quinzaine MCP".

Le programme en 2006 a mobilisé 694 médecins du travail volontaires des quatre régions -soit 38% de la spécialité. Environ 73.500 salariés sont venus en consultation pendant la période considérée (58% d'hommes) et pour 3.951 d'entre eux -dont 51,4% d'hommes- des fiches de signalement ont été remplies.

Une prévalence de MCP de 5,4% (4,8% chez les hommes, 6,2% chez les femmes) a été observée chez les salariés.

Les affections de l'appareil locomoteur sont les pathologies les plus fréquemment signalées (59%), suivies par la souffrance psychique (21%) et les troubles de l'audition (6,4%).

Ces MCP correspondent à des prévalences respectives de 3,3% pour l'appareil locomoteur, dont 3% pour les troubles musculo-squelettiques (TMS), 1,3% pour la souffrance psychique et 0,4% pour l'audition.

Les prévalences les plus élevées sont observées dans les secteurs industriel et financier (7,2%), le secteur de la santé et de l'action sociale et celui de la construction (6%), puis le commerce (5,6%). Plus de 80% des MCP sont signalées chez les ouvriers et les employés.

L'InVS souligne que les "gradients des prévalences selon la catégorie professionnelle sont cohérents avec ceux attendus", excepté que "la souffrance psychique apparaît moindre chez les ouvriers". Souhaitant éclaircir ce point, l'institut souligne que "le mode de recueil des données pourrait constituer une des explications possibles".

Les prévalences des TMS les plus élevées sont observées dans le secteur industriel quel que soit le sexe, et dans celui de la construction chez les hommes.

Les prévalences de la souffrance psychique les plus élevées sont retrouvées dans le secteur des activités financières pour les hommes et les femmes et dans le commerce chez les hommes.

SOUS-DECLARATION ESTIMEE DES PATHOLOGIES INDEMNISABLES

"Parmi les 4.500 pathologies signalées lors de ces quinzaines, 40% entraient selon les médecins du travail dans le cadre d'un tableau de MPI, soit un taux de l'ordre de 2% [des salariés venus en consultation, NDLR]", souligne l'InVS.

"Ce taux est à rapprocher de celui des maladies indemnisées en 2004 par les régimes de sécurité sociale, soit 0,2%" (52.000 maladies professionnelles pour 22 millions de salariés)".

"Répétées régulièrement, les 'Quinzaines MCP' fourniront des données inédites sur la fréquence des manifestations pathologiques en lien avec le travail chez les salariés actifs, ainsi qu'une estimation de l'ampleur de la sous-déclaration des pathologies susceptibles d'être reconnues au titre des tableaux de MPI", estiment les auteurs.

Ces résultats permettront de repérer les spécificités régionales en termes de pathologies, de professions, de secteurs d'activité, en s'inscrivant "de facto" dans les Plans régionaux santé travail (PRST), ajoutent-ils.

Ils pointent néanmoins deux des principales limites de ce programme: "le choix pour le salarié de signaler ou non la présence d'une pathologie au cours de sa visite médicale, et d'autre part le jugement du médecin sur l'imputabilité au travail de cette pathologie".

"L'extension à un nombre limité de régions ou à l'ensemble du territoire national est encore à l'étude", indiquent-ils, soulignant que leur priorité actuelle est d'améliorer la représentativité régionale des médecins du travail en termes de population surveillée, ainsi que la qualité des données recueillies pour consolider ce programme.

Il existe une centaine de maladies professionnelles indemnisables (MPI) reconnues, répertoriées dans une série de tableaux et répondant à plusieurs critères de nuisance, rappelle l'InVS.

Le système complémentaire de reconnaissance et de prise en charge -Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP), Comité de réforme pour les fonctions publiques- permet un examen au cas par cas lorsque toutes les conditions d'un tableau ne sont pas réunies et si le problème de santé généré entraîne un taux d'incapacité permanente partielle (IPP) supérieur à 25%.

(BEH, n°32, pp.281-285)

cc/cd/APM polsan

redaction@apmnews.com

CCLHL001 26/08/2008 00:05 ACTU