Blog d'information et de communication de l'Union Départementale des Syndicats CGT de la Santé et de l'Action Sociale du secteur Public et du Secteur Privé du département de la Manche (50)
CGT – CFTC - SUD – CFE-CGC – SPH – USP - CPH
COMMUNIQUE INTERSYNDICAL DE LA PSYCHIATRIE
A PROPOS DU PROJET DE REFORME DE LA LOI DE 90
Le ministère de la santé vient de présenter aux organisations syndicales de la psychiatrie un
projet de loi sur les soins sans consentement sans qu’elles aient été préalablement associées
au travail d’élaboration.
Les organisations syndicales critiquent la méthode et constatent que dans la droite ligne des
annonces présidentielles de décembre 2008, cette proposition de réforme de la loi du 27 juin
1990 est avant tout guidée par des préoccupations sécuritaires.
Contrairement à ce qui est affirmé par le ministère, la dimension sanitaire invoquée s’efface,
tout autant que les objectifs de réadaptation et de réinsertion des patients, devant le
renforcement de la référence aux troubles à l’ordre public, au point de ne garder du caractère
sanitaire que la forme d’un hygiénisme généralisé.
On y constate que les modalités d’admission en soins sans consentement sont facilitées alors
que leurs conditions de levée sont durcies : en effet le psychiatre pourrait régler seul
l’admission mais les décisions relatives aux levées ou aux aménagements des soins sans
consentement restent sous pouvoir administratif avec un rôle renforcé pour les directeurs et
les préfets, quel que soit l’état du patient médicalement certifié ou les voeux du tiers
demandeur.
La seule information sur ses droits, ou le recueil de son avis, pour un patient privé de liberté,
sont loin de fournir les garanties suffisantes pour les libertés individuelles.
Le recours systématique au juge des libertés et de la détention doit être prévu.
En réalité ce projet de loi sur les soins sans consentement n’offre pas les garanties
nécessaires pour les droits des personnes ni de solution efficace pour la qualité des soins.
Alors que la demande de soins adressée à la psychiatrie est croissante dans une société en
crise, les évènements dramatiques récents rappellent avant tout que ses missions sont
complexes.
Les professionnels de la psychiatrie n’adhèrent pas au projet actuel de réforme de la loi de 90
et mettent en garde contre l’empressement à légiférer par souci de communication politique en
réponse à l’émotion.
Plutôt qu’une frénésie sécuritaire, c’est la prise en compte véritable des spécificités de la
psychiatrie qui sera la meilleure garantie pour que cette discipline puisse assurer ses
responsabilités : le maintien de la continuité des soins dans le cadre de la politique de secteur
à défendre face à la loi HPST, l’attribution de moyens humains suffisants et l’assurance d’une
formation professionnelle spécifique de qualité sont incontournables pour que la psychiatrie
publique puisse remplir efficacement ses missions.
Paris, le 15 Avril 2010
syndicats de médecins :
C.P.H. : Confédération des Praticiens Hospitaliers
S.P.H : Syndicat des psychiatres des Hôpitaux.
U.S.P. : Union Syndicale de la Psychiatrie